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DU 24-10-2021

A propos des événements de Roquetas del Mar en Espagne : Ce que l’on ne dit pas...

Publié le 15/10/2008 à 12:00 par hogra
A propos des événements de Roquetas del Mar en Espagne : Ce que l’on ne dit pas...

par Lamine Benallou
Il y a de cela quelques années, l’écrivain et essayiste espagnol Juan Goytisolo avait publié dans le quotidien ibérique «El País» un article, intitulé « Quién te ha visto y quién te ve», ce que l’on pourrait traduire par la formule colloquiale arabe «ki kount ou ki wel-lit».

Dans cet article, il mettait en exergue le fait que cette région avait été de tout temps très pauvre et que son développement et sa richesse se devaient à la nouvelle culture sous serre et au labeur dur et pénible des travailleurs immigrés, essentiellement maghrébins et africains. Il dénonçait déjà les pénibles conditions de travail de ces ouvriers : des journées de plus de dix heures de labeur sous des températures de plus de 45º. Des salaires misérables et un manque de reconnaissance assez flagrant de la part des patrons de cette nouvelle manne. Bref, des conditions inhumaines pratiquement insupportables pour le commun des mortels.

Quelques jours après la publication de cet article, Juan Goytisolo me téléphonait à Granada, dans le sud de l’Espagne où je résidais alors, pour m’informer qu’après la lecture de cet article qui, semble-t-il, lui avait déplu, le maire de cette municipalité avait proclamé que Juan Goytisolo était « persona non grata » au niveau de Roquetas del Mar.

Immédiatement après, j’avais mobilisé un groupe d’intellectuels espagnols: journalistes, universitaires, etc. et nous publiâmes, toujours dans « El País », un pamphlet intitulé « Todos nos llamamos Juan» (Nous nous appelons tous Juan», où nous nous élevions contre cette mesure et où nous avions décidé que si Juan Goytisolo était « interdit de séjour » dans cette municipalité, tous les intellectuels signataires de cette lettre se considéraient comme « persona non grata » et se proposaient de boycotter tout événement dans cette région.

Cette petite anecdote personnelle me permet d’introduire une petite analyse, que je me permets d’élaborer à partir de mes expériences et de ma connaissance de la situation des étrangers au niveau d’Almeria, et plus précisément de Roquetas del Mar.

Au-delà de cet événement, tragique en soi, vu qu’il s’agit-là de la mort d’un jeune Sénégalais assassiné par un espagnol d’origine gitane, et des manifestations de violence que cela a entraîné, l’essentiel est ailleurs.

Ces journées et ces nuits de violence qu’a vécues la «Cité des 200 Logements » de Roquetas del Mar ne sont que la conséquence de la mal-vie d’un quartier marginal et marginalisé qui, à l’origine, vers les années soixante, a été pensé pour accueillir 200 familles, paradoxalement des travailleurs espagnols qui revenaient au pays après avoir émigré en Allemagne et en France. Et où, aujourd’hui, se trouvaient entassés plus de 6.000 personnes : Africains, Maghrébins, Roumains et gitans, une population attirée par le travail et l’argent et où la coexistence n’a jamais été facile : une poudrière qui devait tôt ou tard finir par éclater.

Les violences, constatées au niveau de cette municipalité dépendant d’Almeria, dérivent donc directement des profonds changements socio-économiques de cette province. A partir des années 80, le quartier des 200 Logements commença à accueillir une immigration nouvelle, illégale qui supposait une main-d’oeuvre bon marché pour la culture sous serre. Tout le monde y trouvait son compte : les autorités, les partis politiques, ainsi que les syndicats dénonçaient à peine cette situation et préféraient se taire et regarder ailleurs devant le développement rapide et démesuré du bien-être économique de la région.

A Roquetas del Mar sont recensés environ 85.000 habitants dont environ 30.000 sont étrangers. Cependant, et loin des chiffres officiels, il est difficile de quantifier une population que l’on estime quand même à plus de 200.000 âmes: une population flottante, sans papiers, illégale.

De vieilles maisons pas très hautes et concentrées forment le paysage urbanistique des 200 logements. Le développement du pouvoir d’achat des espagnols a cédé donc le pas à cette nouvelle population: Sénégalais, Nigérians, Marocains et même ceux venus d’Europe de l’Est ; plus de 140 nationalités se partagent ce quartier d’Almeria.

Ordures, immondices, massification, abandon, chômage, trafic de drogue, criminalité, parmi tant d’autres fléaux sont le pain quotidien des habitants de Roquetas del Mar. L’Europe communautaire d’aujour-d’hui se présente comme une entreprise de coexistence fraternelle qui comprend plus de 300 millions de citoyens de diverses cultures, langues et ethnies laborieusement forgées après des siècles de confrontations, d’exterminations et de guerres sanglantes. Mais ce projet, si noble et généreux soit-il, ne court-il pas le risque de se corrompre et convertir cette Europe, non pas en phare du progrès humain, mais plutôt en un simple club de pays riches avec un droit réservé d’admission.

Les normes juridiques qui existent au niveau européen créent d’anciennes et de nouvelles formes de barbarie. Nous vivons en Europe dans des sociétés violentes dans lesquelles fleurissent le racisme, la marginalité sociale, la persécution de l’émigré et l’hostilité vers tout ce qui est différent. Dans ces cas de « violence sociale », la victime est poursuivie seulement pour sa race, sa couleur de peau, sa religion, ses origines. Bref, une violence encore plus odieuse vu qu’elle n’obéit pas à des raisons politiques, mais qu’elle se situe, au contraire, au niveau le plus bas et dégradant de l’être humain.

Que faire ? Eriger de nouveaux murs protégés par des fils barbelés ? Procéder à des expulsions sélectives et graduelles ? Enfermer dans des ghettos ceux qui cherchent un moyen pour vivre décemment et s’intégrer, avec leur différence enrichissante, dans l’espace de plus en plus dangereux des sociétés des pays d’Europe ? Seule une aide généreuse et contrôlée des pays d’où ils fuient pourra parer à l’émigration massive et tumultueuse, en facilitant la création d’emplois. Ni les prisons, ni les centres de regroupement, ni les mesures coercitives ne sont une réponse adéquate au problème de ceux qui préfèrent courir le risque de se noyer près des plages proches d’Algesiras ou d’Almeria.

La culture et l’espace européens ne peuvent être aujourd’hui exclusivement français, espagnols, anglais, allemands, mais plutôt pluriels, métissés et batârds, fruit des échanges, de l’osmose, fécondés par le contact avec des femmes et des hommes appartenant à des horizons lointains et divers.